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Voyage dans la nébuleuse

  • Photo du rédacteur: Audrey Sabardeil auteur
    Audrey Sabardeil auteur
  • 14 avr.
  • 5 min de lecture

Comment un livre arrive en librairie ? Ni miracle, ni cigogne littéraire qui le dépose discrètement sur les rayons. Derrière chaque bouquin, beaucoup, beaucoup de boulot, des gens passionnés, et une sacrée aventure humaine.


Cette année, mon Cargo blues est publié chez Le bruit du monde, une maison d’édition dont j'espérais qu'elle me dise oui , alors j’en profite pour vous embarquer dans les coulisses.

Si vous êtes curieux d'y voir (un peu) plus clair dans cette nébuleuse, suivez-moi !


1. Tout commence par une histoire (et beaucoup de café)

Écrire un livre, c’est un marathon. Il y a l’idée qui germe, les heures et les heures (les jours, les mois!) d’écriture, les doutes, les réécritures… Puis je confie mon manuscrit à mes trois amis cobayes (on parle en général de "bêta lecteurs"). Je tiens compte de ces premiers retours pour faire des ajustements éventuels, plus ou moins profonds. Et quand enfin le texte semble prêt, vient l’étape fatidique : l’envoi à une maison d’édition.


Spoiler : toutes ne répondent pas. Et celles qui le font peuvent dire non. Elles le font souvent. En moyenne, plus de 95 % des manuscrits envoyés spontanément aux maisons d’édition sont refusés. (Source : Telerama, Le Monde des Livres)

Alors si vous écrivez vous-même, veillez à consulter avec soin les sites internet des éditeurs, à compulser leur catalogue récent, à bien lire leurs conditions de dépôt de manuscrits. Si votre manuscrit ne correspond pas à leur ligne éditoriale, abstenez-vous.


Il existe plusieurs types de maisons d'éditions à compté d'éditeurs, dont la majorité

appartiennent à de grands groupes ( voir infographie)

  • Les grandes maisons (Gallimard, Grasset, Albin Michel…) au fonctionnement très structuré, aux équipes nombreuses.

  • Les maisons plus réduites, souvent plus agiles, avec une ligne éditoriale forte.

    ( Le bruit du monde, par exemple).

  • Les maisons strictement indépendantes, totalement libres mais au budget très serré.



2. Une maison d’édition digne de ce nom, c’est quoi exactement ?

Une ME (c'est l'abréviation habituelle) est bien plus qu’un logo sur une couverture. C’est une équipe (souvent réduite) qui lit pour sélectionner quelques rares manuscrits coups de coeur. Puis, une fois le contrat signé, l'éditeur et/ou un assistant éditorial dialoguent avec l'auteur et peuvent lui proposer des pistes pour parfaire encore le texte. Pour ma part, j'ai trouvé cette phase particulièrement exigeante et fructueuse. Il s'agit du premier regard professionnel sur le manuscrit. Ces remarques et ressentis sont précieux. Voici justement une des plus-values que j'ai trouvées à faire publier mon roman au Bruit du Monde. Dans ma maison précédente, aucun travail éditorial : l'auteur reste seul face à son texte, l'exigence est bien moindre. Grâce aux nombreuses séances de travail menées autour de mon manuscrit, le Cargo blues aujourd'hui en librairie est mon roman dans la meilleure version de lui-même. Et après ces reprises du manuscrit, ce n'est pas encore terminé, car une ME digne de ce nom passe le texte au crible d'une correction professionnelle. Là encore, ce n'est pas systématique : mon premier roman, publié chez mon précédent éditeur n'a bénéficié d'aucune correction professionnelle. A contrario, le travail et les discussions à distance menées avec la correctrice mandatée par mon éditeur actuel ont non seulement permis de "nettoyer" mon texte, mais m'ont aussi appris énormément. Il n'y a pas à dire, confronter son écriture à des regards experts est extrêmement formateur. Après cette étape, le manuscrit est enfin "propre" et prêt à être mis en page ( c'est un travail à part entière). On se penche alors sur la couverture et l’objet-livre : une belle maquette, un soin graphique ( j'adore le visuel choisi pour mon roman, parmi les peintures de Sébastien Arcouet), des choix éditoriaux audacieux. On y sent la passion du métier, et ça, pour un auteur, c’est précieux.


La ME confie ensuite l'ensemble "bon à tirer" aux soins d'un imprimeur.

Ensuite, viendra la diffusion, et la promotion (des secteurs absolument déterminants et défaillants dans certaines maisons.)


Bref l'accompagnement de l'auteur et de son texte est un immense travail.


En bref, dans une (bonne) (vraie) maison d'édition :


On lit (beaucoup).


On discute avec l’auteur.


On retravaille le texte (parfois un peu, parfois beaucoup).


On fait corriger, on met en page, on imprime.


Et on fait en sorte que le livre existe vraiment : en librairie, dans la presse, en salon…


C’est un partenariat. Une petite équipe qui croit en votre histoire, et qui décide de la porter avec vous et investit pour cela du temps, du savoir-faire et de l'argent.


3. Une fois le livre sorti, on respire ?

Oui... et non !

Car alors commence un marathon discret : service de presse, rencontres avec les libraires, salons, interviews, réseaux sociaux… Le livre doit vivre. Et même si l’auteur est au cœur du projet, il ne court pas seul (en tout cas, moi je m'étais fatiguée à courir seule, d'où mon divorce d'avec mon premier éditeur.)

L’éditeur, le diffuseur, le distributeur, le libraire – chacun joue son rôle. Le travail ne s’arrête pas à la publication.

Justement, comme ma précédente ME ne faisait absolument pas le job, j'ai dû m'y mettre. Je n'y connaissais rien. Aujourd'hui je vois le bon côté. S'il y a bien une chose que m'ont rapportée les défaillances de mon ancienne maison, c'est bien cela : désormais, je tiens une page Facebook auteur, un compte insta et ce site internet. Désormais, j'ose démarcher des libraires ou des organisateurs de salons. Disons qu'une mauvaise ME vous contraint à l'autoformation !


Mais quand ensuite la maison qui vous publie a à cœur d'assumer ce travail - très chronophage - c'est encore mieux ! Car ce qui est sûr, c'est que les livres ne se vendent pas tout seuls (même les très bons).


Une bonne maison d’édition ne vous lâche pas dans la nature avec votre valise de bouquins. Elle vous accompagne, vous soutient, elle y croit et fait sa part.


  1. Focus sur Le bruit du monde


Créée en 2021, Le bruit du monde est une maison d’édition marseillaise co-fondée par Marie-Pierre Gracedieu et Adrien Servieres. Elle s’est rapidement fait un nom dans le paysage littéraire français. Sa ligne : publier des textes puissants, engagés, singuliers – qu’ils soient français ou étrangers.


5. Et si vous écrivez, vous aussi ?

Quelques conseils rapides, sans prétention :


Lisez beaucoup.


Écrivez autant que possible.


Relisez. Puis encore. Et encore.


Corrigez plusieurs fois. (J'estime nécessaires quatre à cinq réécritures en profondeur avant de soumettre un manuscrit à une ME)


Envoyez à des maisons dont vous aimez vraiment le travail et qui correspondent à ce que vous proposez.


Fuyez celles qui vous demandent de l’argent ou d'acheter des exemplaires de votre livre (vraiment, fuyez).


Travaillez et accrochez-vous. Faites-vous plaisir.


Écrire, c’est souvent un truc qu’on fait seul. Mais publier à compte d'éditeur est (et doit être) une aventure collective.

 
 
 

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