Et si on lisait un extraordinaire roman à double lecture ...

#214

"Tombée des nues" (2018)

Violaine Bérot

Éditions Buchet-Chastel

Cette nuit-là, la neige tombait dru sur le village. Vous ne croirez jamais ce qui s'est produit chez Marion et Baptiste, là haut, dans la montagne. Madame Peyre, toujours derrière ses rideaux, est la première à raconter.

Comment un tel roman n'a-t-il pas fait plus de bruit ? Jamais, je crois, livre m'a plus émue. Émue et cueillie.

Par son propos si doux sur une réalité si dure. Par une écriture si neuve, par une maîtrise si impeccable qui jamais ne trahit l'incroyable travail de structure qui le sous-tend. C'est virtuose et paraît si simple.

Hommes, femmes, lisez ce livre. Dans le sens que vous voulez. Parce que oui, il y a deux sens de lecture possibles : chronologique (au fil des pages) ou en suivant la voix de chaque personnage (au fil des numéros de chaque fragment). Moi j'ai voulu écouter les voix. Et je les ai entendues. Vraiment entendues. Chacune. Donnant une épaisseur incroyable au récit. Ce parti-pris narratif n'a rien d'une fantaisie ou d'un caprice : il nourrit les personnages d'une chair faite de mots et de phrases comme un flux de paroles. C'est magistral.

À la fin de ma première lecture, j'ai voulu expérimenter l'autre. Plus classique. Une autre dimension s'ouvre : on perçoit le brouhaha qui bruit fatalement autour d'un tel événement. La cacophonie, même.

Ce roman, par ce qu'il raconte et par les deux manières dont il le fait, parle comme aucun livre des humains que nous sommes, face à nous-mêmes et face aux autres.

Il nous permet aussi de rencontrer une plume. Jamais la métaphore n'a été si bien portée.

Ne passez pas à côté de "Tombée des nues"