
Et si on lisait un roman magnifique aux voix bouleversantes ?
- Audrey Sabardeil auteur
- 10 mars
- 1 min de lecture
"La Petite Bonne" (2025)
Bérénice Pichat
Éditions Les Avrils
D'abord, c'est la voix de la "petite bonne" du titre qui se fait entendre. Travailleuse, consciencieuse, solide, elle est tout aussi indispensable qu'invisible chez les trois familles bourgeoises qui l'emploient pour récurer leur maison. Un jour, l'un de ses maîtres va lui proposer l'impensable. Dès lors, son quotidien va progressivement s'infléchir. En réalité, elle ne le sait pas encore, mais rien ne sera plus comme avant.
Dans ce roman, trois destins. Trois histoires dans l'Histoire de la Grande Guerre et de ses suites. Sur ces trois, deux protagonistes essentiels. Comment mettre face à face deux personnages que tout oppose et faire entendre leurs deux voix ? L'autrice a choisi la forme parfaite : vers libres pour l'un, prose pour l'autre. C'est beau à l'oeil mais ce n'est pas une fantaisie, une coquetterie d'auteur. Au contraire, ce parti-pris formel s'avère diablement efficace : dans notre tête de lecteur, les deux protagonistes s'incarnent dans leur singularité par ces deux narrations bien distinctes. Le huis clos peut alors se tendre.
Le récit jongle avec les types de narration, passant du "je" au "il" de façon adroite et toujours légitime. C'est remarquable de maîtrise. Et comme pour un vêtement haut de gamme, pas un fil ne dépasse.
Quant à l'écriture, quelle force ! Des mots précis, parfois durs, toujours sensible. Et un phrasé au plus près de la conscience de chacun des personnages.
Un vrai coup de cœur pour ce texte et beaucoup d'admiration pour le travail de l'autrice.

Комментарии